Les élevages porcins de Bretagne, dont la taille n’a cessé d’augmenter et qui sont fortement polluants, doivent-ils encore croître ? Oui, a décidé le ministre de... l’Ecologie, dans un décret relevant le seuil d'autorisation des élevages industriels de porcs publié au Journal Officiel le 27 décembre 2013, et l’Union syndicale Solidaires 56 dénonce avec fermeté cette décision grandement irresponsable.
Depuis le 1er janvier, les élevages de 450 à 2000 porcs ne nécessitent plus d’autorisation préalable, laquelle n’est délivrée qu’après enquête sur l’impact environnemental. Seul un simple enregistrement en préfecture suffit. Exit, la contrainte écologique !
Le
gouvernement parle de simplification administrative. Solidaires 56 préfère dire
les choses clairement : on étend le permis de polluer ! Selon les
pollueurs, l’écologie est une charge inacceptable, et la simplification les en
délivre.
Le
décret répond aux désirs des promoteurs d’une agriculture productiviste, d’un
système industriel insensé, qui fonce droit dans le mur, et dont les
conséquences sociales et environnementales sont particulièrement graves en
Bretagne.
Prétendument, les porcheries de taille moyenne,
victimes de la crise, ne peuvent tenir. Selon ces promoteurs, l’agrandissement
serait une nécessité, et pour ce faire il faut faciliter autant que possible
les extensions et créations de grands élevages, en supprimant les contraintes administratives « trop lourdes ».
L’Union syndicale Solidaires 56 sait à quel point
la crise est vive dans le monde agricole et agro-alimentaire. Les récents plans
sociaux d’entreprises basées en Bretagne l’ont cruellement rappelé.
Mais le modèle de développement que le gouvernement
continue à soutenir est à rebours des choix à faire. C’est une fuite en avant,
qui conduira au développement d’usines d’animaux toujours plus grandes,
toujours plus polluantes, nécessitant toujours moins d’emplois. On comptabilisait 6 personnes à plein temps pour
1 000 porcs en 1988, il n’en fallait plus que 3 en 2000, et la situation s’est
même aggravée depuis : il ne reste que 22000 exploitations aujourd’hui en
France, contre 59000 en 2000...
D’ailleurs,
le gouvernement renie ses engagements : il valide dans ce décret ce que
réclamait le député Marc Le Fur en 2010, qui avait proposé pendant l'examen du
projet de loi sur la modernisation de l'agriculture un amendement relevant les
seuils, et qu’avait combattu... l’opposition d’alors, dont le PS...
Solidaires
a maintes fois dénoncé, notamment dans le cadre du CESER de Bretagne où il siège, les choix aberrants du modèle productiviste agricole breton et la
prolifération des algues vertes qui en est la conséquence, et dont il faut
sérieusement supprimer les causes.
Alors
qu’il existe des modèles alternatifs qui permettent de créer de l’emploi dans
le monde agricole, de développer des filières de qualité (avec le retour au sol
des animaux), de limiter de manière très significative les pollutions, le
gouvernement a décidé d’enfoncer encore un peu plus le monde paysan dans la
crise et l’impasse.
Pour
l’Union syndicale Solidaires 56, ce ne doit pas être une fatalité. Solidaires
56 s’associe aux démarches engagées pour s’opposer à l’application d’un décret
particulièrement dévastateur en Bretagne, et poursuit son engagement pour que
puissent se développer d’autres voies paysannes.
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