Le rapport final de l’audit effectué en Bretagne en juin 2018 par la Direction générale à la santé et à l’alimentation (DG SANTE) de la Commission européenne vient d’être publié . Ce rapport accablant pour la France vient au soutien des déclarations des salariés victimes des pesticides de la coopérative agricole Triskalia, répétées depuis 2016 devant le Parlement européen.
Ce rapport dénonce clairement la politique de la France en matière de pesticides. Il rappelle que le plan Ecophyto II pose un objectif de réduction des pesticides de 25% en 2020 et de 50% en 2025, alors que la quantité de pesticides vendue en France a bondi de 12% entre 2009 et 2016. Il indique aussi que le Ministère de l’agriculture est parfaitement conscient qu'il faudrait un changement radical d'orientation de l'agriculture pour les tenir et que ce plan ne fera pas l’affaire.
Une autre conclusion importante du rapport est que les pulvérisateurs personnels de pesticides sont correctement contrôlés mais qu'en cas de non-conformité, ils peuvent continuer à être utilisés encore 4 mois sans problème. En revanche, les rampes d’épandage, utilisées à l’arrière des tracteurs et sur des installations autonomes dans les grandes plaines, ne sont tout simplement pas contrôlées par la France. Les utilisateurs de pesticides étant les premières victimes de maladies du fait de ces substances, cette situation est inexplicable !
D’autre part, le rapport écrit noir sur blanc que 70% des inspections réalisées chez les distributeurs et les détaillants de pesticides bretons révèlent que les produits chimiques dangereux ne sont pas séparés en fonction de leur dangerosité ou de leur étiquetage dans les entrepôts. C’est précisément ce problème de stockage qui est dénoncé par les victimes de Triskalia, qui a donné de nombreuses intoxications et brisé des vies, notamment sur le site de Glomel.
Ce nouveau rapport vient dénoncer le laxisme scandaleux des autorités françaises, qui ne prennent aucune mesure concrète alors que la santé des utilisateurs et des riverains est en jeu ! Tout cela faute d'une gestion correcte par l'employeur qui reste le donneur d'ordre concernant la gestion des zones de stockage sur ses sites et fait tout pour échapper aux sanctions.
Les victimes des pesticides de Triskalia seront auditionnées le mardi 2 avril 2019 à partir de 16h au Parlement européen. Ils feront à cette occasion un point presse au sein du Parlement de Bruxelles.
Un cour rappel des faits :
Les victimes des pesticides de TRISKALIA lanceurs d’alerte avaient déposé en 2016 une pétition sur l'exposition des travailleurs agricoles aux pesticides, enregistrée sous le n° 0328/2016 par la Commission des pétitions du Parlement Européen. En quelques semaines elle a reçu le soutien de plus de 80 000 personnes . Depuis lors les victimes sont régulièrement reçues par le Parlement européen et leurs demandes suivies par la majorité des parlementaires, tout bord politique confondus.
À leur demande et face à l’indignation de la Commission des pétitions du Parlement européen, la Commission Européenne a mené un audit en Région Bretagne. Le 6 juin 2018 ses représentants ont rencontré les pétitionnaires à la DRAAF de Rennes. Le 17 septembre 2018 ils ont été reçus à Bruxelles par le Commissaire européen Vytenis Andruikaitis en personne, qui les a informés qu’il rendra un rapport plus spécifique sur les conditions de protection de la santé des salariés au niveau de Triskalia.